Restaurant détruit par le feu à Reims: l’hypothèse du cambriolage privilégiée
L’incendie qui a détruit ce mardi en fin de nuit un restaurant de la rue Emile-Zola à Reims, et l’habitation des propriétaires, est désormais éteint. Certains éléments troublants amènent à privilégier un acte volontaire, à la suite d’une intrusion.
Abattus, réfugiés dans un kebab voisin, Anne-Lise et Franck Gardel peuvent voir à travers les vitres ce qu’il reste de leur restaurant : une carcasse fumante. Ce mardi 19 septembre en fin de nuit, un violent incendie a ravagé le Well K’Home qu’ils exploitaient depuis février 2019 rue Émile-Zola à Reims, à deux pas de la place Saint-Thomas.
Tout a brûlé, ou presque, même leur habitation située au-dessus (un étage avec combles), sur une surface totale d’environ 400 m2 (300 m2 pour le commerce). Aucun membre de la famille n’était cependant présent lorsque les premiers appels sont parvenus aux pompiers à 5 h 12 : Franck Gardel se trouvait dans leur autre domicile à Rethel, leurs deux filles étaient absentes et Anne-Lise Gardel, qui aurait dû dormir rue Émile-Zola, avait préféré passer la nuit dans l’hôtel-restaurant Aux Bons Amis – racheté il y a quatre mois rue Gosset – à la suite du déclenchement intempestif d’une alarme incendie lundi midi. « Je préférais être auprès de mes clients qui logent à l’hôtel, au cas où l’alarme se serait encore déclenchée. »
Devant l’ampleur du sinistre, une quinzaine de véhicules de secours ont été engagés, avec un maximum de 58 pompiers venus de différents centres du département. Sept lances ont été mises en manœuvre, ce qui a permis d’empêcher la propagation des flammes aux habitations environnantes. « À notre arrivée, l’ensemble du rez-de-chaussée du restaurant était entièrement embrasé », indique le capitaine Adrien Lebegue, commandant des opérations de secours. « Nous avions une information comme quoi il y avait quatre personnes manquant à l’appel (NDLR : la famille Gardel), ce fut donc la priorité de nos premières actions mais assez rapidement, on a eu confirmation que les personnes n’étaient pas sur place. Les opérations d’extinction ont été assez difficiles parce qu’on n’avait accès que sur la partie avant du bâtiment. La partie arrière était inaccessible. » L’usage d’un drone s’est révélé précieux pour visualiser l’ensemble du sinistre.
La violence de l’incendie et les épaisses fumées ont nécessité la mise en sécurité des immeubles voisins, notamment une résidence étudiante. « Au total, 26 personnes ont été évacuées » et toutes celles qui le souhaitaient ont été hébergées dans la salle municipale Goulin.
La rue Emile-Zola a été coupée à la circulation, entre l’avenue de Laon et la rue Goulin, sans impact sur la ligne du tramway. En revanche, emprunter l’avenue de Laon dans le sens place de la République – place Saint-Thomas fut impossible jusqu’en fin de matinée.
En milieu de journée, l’intervention était toujours en cours : les pompiers finissaient de dégarnir la toiture du restaurant, pour éviter d’éventuelles reprises d’incendie. « Nous utilisons un drone pour localiser les points chauds. Un véhicule restera ensuite sur place pour assurer une surveillance qui devrait être levée dans le courant de l’après-midi », poursuit le capitaine Lebegue. Un périmètre de sécurité sera mis en place sur le trottoir. Quant aux immeubles voisins du restaurant et de sa partie habitation, aucun n’a souffert du sinistre, leurs occupants peuvent les réintégrer.
Ce mardi en début d’après-midi, les policiers attendaient l’autorisation d’accéder aux décombres pour commencer leurs investigations, mais certains éléments portés à la connaissance des restaurateurs amènent déjà à privilégier une origine volontaire : la caisse enregistreuse a été retrouvée en position ouverte ; un passant dit avoir vu des individus dans le restaurant au cours de la nuit ; le feu semble avoir pris – très vite – devant le comptoir, dans un espace de la salle comprenant seulement des tables et des chaises, sans installation électrique. Autant d’éléments qui laissent penser à un cambriolage suivi d’une mise à feu pour effacer traces et indices. D’ailleurs, l’enquête a été ouverte contre X pour « destruction du bien d’autrui par un moyen dangereux pour les personnes ».
Au Well K’Home, les époux Gardel emploient cinq salariés, désormais au chômage technique (l’établissement Aux Bons Amis, resté fermé aujourd’hui, rouvrira mercredi). Une première estimation chiffre le préjudice à environ un million d’euros. D’après les pompiers, la température du brasier a atteint « 1000 à 1200 º ». La chaleur a d’ailleurs endommagé deux voitures garées devant.
« Je suis dépitée pour mon restaurant, pour mes clients », soupire Anne-Lise Gardel, les larmes aux yeux. L’espoir du couple est de pouvoir « relocaliser » leur activité dans un autre bâtiment, au plus vite, le temps de la reconstruction.